Bonsoir,
L'équipe marketing des applications Pro Apple fait son tour d'Europe pour présenter Final Cut Studio 2 (et introduire Final Cut Server) aux journalistes. En France, c'était jeudi à l'Executive Briefing Center (EBC) à Paris, Place d'Iéna.
Je vous fait donc un rapport informel de ce que nous avons vu et entendu durant deux heures. Coté Apple, trois présentateurs américains, dont le directeur marketing des applications Pro, Kirk Paulsen (qui dit Bonjour en français
), un MacPro doté de huit coeurs, de quatre disques (dont un pour le système et trois en RAID 0) , de deux écrans 30" et d'un ensemble clavier/souris des plus basiques...
On commence par Kirk, donc, qui nous rappelle que les utilisateurs payants de Final Cut sont passés de 250 000 en 2005, à 500 000 en 2006 et devraient atteindre 800 000 en 2007. Non, vous n'êtes pas tous seuls
Il introduit ensuite
Final Cut Server, le nouveau gestionnaire de media issu du rachat de Proximity et de son application Artbox en décembre 2006. Il fonctionne sur Mac et Windows, et comprend une application serveur et un client. L'intégration à Final Cut a été poussée assez loin, mais il reste possible de l'intégrer à des applications Windows, notamment avec les EDL. Car il est possible de faire des coupes basiques directement dans Final Cut Server.
La où Apple tape fort, c'est au niveau des prix. Pour application qui se destine aux gros producteurs et consommateurs d'images comme les chaines de télé, le produit coûte 1000 euros pour 10 clients et 2000 euros en illimité (selon le même schéma que Mac OS X Server). Il n'est pas encore disponible, et il est prévu une présentation plus poussée dans quelques mois. On passe donc à la suite, après confirmation qu'il sera possible d'héberger Final Cut Server et Final Cut Studio sur un même (gros) MacPro.
Et on rentre dans le vif du sujet avec
Final Cut Pro 6 (la, on est toujours avec Kirk).
Apple voit sa part de marché (en volume) augmenter régulièrement au dépend d'AVID, avec un dépassement en 2003 et un écart conséquent en 2006 (50% pour Apple, 25% pour AVID). La tendance est lourde, et la stratégie d'Apple (casser les prix et multiplier les volumes) semble très bien fonctionner.
Pour contrer AVID et son DNxHD, Apple a conçu son propre codec, le ProRes 422. J'en ai déjà parlé la :
http://forum.mac-vid...?showtopic=6117 et nous avons pu constaté de visu l'absence de différence entre une vidéo HD non compressée (d'où les trois disque en RAID 0) et la même en ProRes 422. Question: pourquoi il s'appelle ProRes 422, une version 444 est-elle prévue ? Sourire de Kirk et réponse qui veut dire que ça peut venir... Donc quand Apple voudra jouer les gros bras, il seront prêts à nous sortir une solution de montage 4:4:4 sur des MacPro normaux !
Et d'enchaîner sur la présentation du boitier AJA IO-HD, qui inclue un processeur traitant directement le ProRes, AJA ayant pris une licence auprès d'Apple pour programmer ce chip. Clarification immédiate : si vous avez la DeckLink ou autre qui va bien, ProRes peut faire de l'encodage temps réel, car c'est à la base un codec logiciel.
Passons à la timeline OpenFormat. Deux possibilités :
- la plus simple, c'est que le réglage de la séquence peut être modifié en fonction du premier clip déposée sur celle-ci. En clair, si vous déposez un clip DVCPRO HD sur une séquence réglée en DV-PAL, Final Cut vous propose de basculer la séquence en DVCPRO HD. Cela évitera déjà pas mal d'erreurs
,
- la plus riche : Final Cut effectue la mise à l'échelle et le changement de fréquence automatiquement pour que les clips correspondent aux réglages de la séquence. Ainsi, du DV sera upscalé en 1080i automatiquement si la séquence est en 1080i, du 1080x60i transformé en 720x25p automatiquement si la séquence est en 720x25p, etc. La démo est impressionnante et il restera à évaluer la qualité des transformations. Réponse de Kirk : nous utilisons la technologie Optical Flow de Shake. C'est donc ce qui se fait de mieux.
On enchaîne sur le SmoothCam, stabilisateur sans tracking intégré à Final Cut. C'est, comment dire, impressionnant à voir. La encore, c'est la technologie Optical Flow de Shake qui est utilisée.
On revient donc sur cette fameuse technologie. A se demander d'ailleurs si l'achat de Shake n'a pas été justifié par ce besoin. Cette technologie est en fait une analyse optique vectorielle. C'est à dire que l'image pleine de point est transformée en image vectorielle avant analyse et calculs sur l'image. Les mises à l'échelle, interpolation temporelle et autres stabilisations sont ainsi basées sur les "lignes" de l'image et non plus sur chacun de ses points bruts. Si elle demande une puissance de calcul énorme, cette méthode est nettement supérieure aux algorithmes traditionnels. Revenons à nos moutons...
Ah oui, Cinema Tools aussi évolue, avec la gestion du XML et bien d'autres améliorations...
La Kirk cède sa place à Dion Scoppettuolo, le responsable marketing de Shake et Motion qui présente
Motion 3 (non, pas Shake 5
).
La différence entre Motion 1 et 2 était importante. Motion 3 apporte encore de nombreuses nouveautés. Tout d'abord, la 3D. On peut gérer les vues en 3D, avec la notion de caméra, de déplacement, de perspective, etc. Tout ça soumis a des comportements ou des images clefs, comme d'habitude. Les objets ne sont pas de vrais objets 3D : ils restent en 2D (plans) mais prennent de l'épaisseur. Motion n'est pas Maya. Pas de sphère, cube ou autre...
La "peinture vectorielle" fait son apparition, pas de démo particulière sur ce point.
Motion permet de modifier la vitesse d'une vidéo, pour faire des ralentis de qualité. Comment il fait ? Optical Flow, ça vous dit quelque chose ?
Introduction des éléments de design, en plus des modèles. Il parait que les utilisateurs piquaient des bouts dans plusieurs modèles pour construire les leurs. Alors autant offrir directement les éléments, sans les chercher dans les modèles...
Un système de suivi (tracking) facile d'utilisation fait son apparition avec un nouveau comportement (match move). Où comment faire un sabre laser en deux minutes...
Et nous retrouvons notre SmoothCam qui n'est pas un stabilisateur accroché à un élément particulier, mais un fluidificateur de mouvement. La qualité du résultat est bonne. Comment il fait ? Déjà dit !
Les périodes d'analyse de l'image sont assez longues et la vidéo résultante demandera un petit zoom (pour éliminer les bord noirs), dégradant légèrement l'image. Stabilisez quand même vos images à la prise de vue, même si l'outil vous sauvera quelques plans.
Et voilà le troisième larron, le musico de service qui arrive. Alec Little, qui est resposable marketing des produits musique et audio, présente
SoundTrack Pro 2. Pas mal de choses aussi dans cette application.
Un nouvel outil visuel qui sert à régler les filtres à l'oeil (et à l'oreille bien sûr). C'est bien plus facile d'identifier les fréquences à éliminer quand on les voit sur le graphe.
Une nouvelle fonction de copier/coller des réglages pour faciliter l'homogénéité sonore des pistes.
On aperçoit aussi une nouvelle vue pour mieux caler les clips audio par rapports aux images, avec les images de début de clip, point de calage et fin de clip. Pas mal...
Alec démontre ensuite la conformation audio automatique, avec le contrôle fin des résultats. Je ne savais même pas qu'on pouvait faire ça...
Et l'essai du réglage du surround à la souris. C'est assez souple et convaincant. Les bibliothèques sonores (loops) on été enrichies avec des morceaux en surround (4, 5, 6 canaux) de qualité. L'ampli surround et les enceintes Genelec ont fait de l'effet (désolé pour le jeu de mots) et quelques minutes d'écoute des morceaux présents nous laissent respirer.
Et voilà Kirk qui revient pour présenter
Compressor 3.
D'abord Kirk est très fier de la nouvelle qualité d'encodage de Compressor. Une précision : les vidéos en H.264 sur le site Apple ont été encodées depuis plusieurs mois avec une version beta de Compressor 3. Cela donne une idée de la qualité qu'il est possible d'obtenir.
Par défaut, Compressor génère du MPEG. Et surtout du MPEG-2 pour DVD et du H.264 pour le web, iPod, AppleTV, etc. Mais, moyennant l'achat d'un plugin chez Telestream (Episode Pro), il est possible d'utiliser Compressor pour générer du VC1, WMV et autres FLV. Pour la première fois, Compressor sort des flux de transport (TS) ou de programme (PS).
On note aussi quelques ajouts, comme les effets sans repasser par Final Cut, les filigranes (c'est pratique, ça) et d'autres fonctions de recadrage. Qui a dit QuickTime ?
A noter que QMaster a été amélioré, ainsi que son installation. Sur demande, tout poste équipé de Final Cut Studio 2 peut devenir un noeud QMaster.
On passe ensuite à
Color, la grande nouveauté de cette année dans la suite. Directement issu du rachat de Silicon Color et de son produit Final Touch, ce dernier a été amélioré (courbes, préréglages et autres) et rendu plus stable. Avec Color, la retouche colorimétrique semble plus facile. Pour les non spécialistes, il y a en particulier une galerie d'effets colorimétriques intéressants. L'interface ressemble bien plus à celle de Shake que de Final Cut, Motion ou SoundTrack, mais est agréable et efficace. La méthode classique est de finaliser le montage dans Final Cut, faire la retouche colorimétrique dans Color, de revenir dans Final Cut qui aura gagné une nouvelle séquence qui contient les retouches. Il restera à remettre les transitions et les titres en place, puisque Color ne le gère pas.
Et bien voilà, ce sera disponible en juillet en France (les applications sont déjà traduites, mais les manuels ne sont pas encore prêts). 1300 euros pour la suite complète, 500 euros depuis Final Cut Studio 1 (Color coûtait $20 000) et 700 euros depuis n'importe quelle version de Final Cut Pro.
A la question sur l'avenir de DVD Studio Pro et l'arrivée de la version 5, pas de réponse. Après explication sur le problème de DVD Studio Pro qui n'est plus vendu à part, la demande d'un produit équivalent pour les utilisateurs de Final Cut Express, bloqués à la version 3, est bien passée. S'oriente-t-on vers un DVD Studio Express ou vers l'inclusion d'une version de DVD Studio Pro dans le suite Final Cut Express ? L'avenir nous le dira... Mais le message est passé et l'interlocuteur (Kirk Paulsen, donc) est le décisionnaire pour ce genre de chose !
Antoine